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son discours du 20 septembre 1792, à leur installation, et consignée encore dans leur proclamation du 24 ; après avoir expliqué les motifs qui le portaient à penser que l’esclavage des noirs était nécessaire, et les motifs qui le firent changer d’opinion à cet égard, Polvérel ajoute : « On a dit : Vous étiez, au mois de mai 1793, les ennemis fortement prononcés de la liberté des noirs ; à cette époque, vous ne vouliez pas la leur donner. Il est vrai qu’alors ce n’était pas notre intention : nous ne connaissions que très-imparfaitement les bases sur lesquelles la République française était fondée. Nous nous croyions encore renfermés dans les limites des pouvoirs qui nous avaient été donnés dans le cours de l’assemblée législative… »

Plus loin, il dit : « Voilà, citoyens, dans quel esprit j’étais au mois de mai 1793, sur l’incompétence où était la commission civile, pour prononcer sur la liberté des esclaves. Je n’avais donc garde de croire alors qu’il était en notre pouvoir de donner la liberté aux noirs… Pour juger des motifs qui ont nécessité la publication de cette proclamation et de l’esprit qui nous l’a fait faire, il faut vous en lire le préambule ; il faut aussi vous faire remarquer auparavant dans quelle circonstance nous étions. Le Nord de la colonie était dévasté par les nègres en révolte ; dans le Sud, des nègres révoltés étaient rassemblés, campés et armés près des Cayes ; dans l’Ouest, la coalition des contre-révolutionnaires avec les patriotes, coalition dont je vous donnerai les preuves dans le temps, avait tendu à exciter la révolte dans le Cul-de-Sac et dans les mornes environnans… Un des grands objets de la réclamation des noirs, un des grands motifs de leur insurrection, était les mau-