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tendent avec ceux de l’Espagne pour troubler la tranquillité de cette contrée. En février 1793, il est encore avisé de toutes les combinaisons arrêtées ou présumées de la part des rois de l’Europe, pour vaincre la France à cause du grand crime qui vient de s’y commettre. Cette intervention dans ses affaires domestiques lui crée le droit de se défendre, de défendre son pays et ses possessions par tous les moyens qui sont en son pouvoir. La conquête de la partie espagnole entre nécessairement dans ce droit ; et au moment où il l’ordonne, il sait que presque tous les colons français se préparent à livrer la partie française à la Grande-Bretagne et à l’Espagne. Cependant, la partie espagnole fut conquise, non à Saint-Domingue, mais sur les frontières de l’Espagne, par les succès que les armées françaises y ont obtenus et qui amenèrent la paix de Bâle, en 1795.

Remarquons ensuite que les instructions données à Don Garcia, de promettre la liberté aux noirs, justifient d’avance la liberté générale que Sonthonax d’abord, et Polvérel après lui, se virent contraints de proclamer à Saint-Domingue, en faveur des nombreux infortunés dont on voulait faire des instrumens, pour se nuire réciproquement.

Mais voyons ce qui a suivi les instructions de Monge aux commissaires civils : voyons quels furent les actes de la métropole et ceux de ses agens revêtus du pouvoir dictatorial que les colons, plus que leurs instructions, les forcèrent d’exercer à Saint-Domingue.

Le 5 mars 1795, la convention nationale rendit le décret suivant :

La convention nationale, sur le rapport de son comité de défense générale, décrète :

Article 1er . Toutes les colonies françaises sont déclarées, jusqu’à ce