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d’une autorité systématiquement violente, tous deux également coupables, et aux yeux de la morale et à ceux de la saine politique.


Le succès obtenu contre le Port-au-Prince par les commissaires civils appuyés des hommes de couleur, donna une nouvelle force à ceux-ci dans presque toutes les paroisses de la province du Sud. Secondés des blancs qui voulaient l’exécution de la loi du 4 avril, ils comprimèrent ceux qui étaient du parti des indépendans, effrayés du résultat de la lutte de leur parti dans l’Ouest, contre l’autorité nationale. Jérémie seul et tout le quartier de la Grande-Anse, favorisés par leur isolement, se prêtèrent de mauvaise grâce à la soumission qu’ils lui devaient. Ce n’est que le 18 avril, après avoir appris l’entrée des commissaires civils au Port-au-Prince, que le procureur de cette commune commença une correspondance avec eux, mais dénuée d’authenticité : rien n’indiquait que les lettres qui leur furent adressées émanaient de la municipalité[1].

La ville de Jacmel, toute dévouée au parti de Borel, céda aussi à l’empire des circonstances. Apprenant que les paroisses de Léogane, du Grand-Goave, du Petit-Goave et de Baynet avaient offert leurs forces aux commissaires civils pour la soumettre à leur autorité, les blancs de Jacmel licencièrent les africains que Borel y avait laissés et les renvoyèrent au Port-au-Prince. Baudoin, commandant de la garde nationale, et plusieurs autres chefs qui partageaient son opinion en faveur de l’indépendance de la colonie, partirent pour la Jamaïque ou les États--

  1. Débats, t. 7, p. 93 et suivantes.