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près ; que l’article 8 de notre proclamation du 19 avril dernier défend à tous corps administratifs de disposer des munitions de guerre, subsistances et d’aucune espèce d’effets, même en fournitures confiées au département de la guerre, sans une autorisation expresse de nous ou du gouverneur général ; que l’armement de six cents esclaves, ordonné par l’arrêté du conseil général de la commune de Jérémie, indépendamment de ce qu’il serait une violation de notre proclamation, est encore un attentat à la propriété, et ne tend à rien moins qu’à la subversion entière du régime colonial… »

Mais le conseil général de Jérémie ne se soumit pas à cette proclamation. Les colons de la Grande-Anse, se préparant déjà à effectuer la trahison qui se tramait entre eux et le gouvernement britannique, gardèrent cette organisation d’esclaves comme une force dont ils auraient bientôt besoin.


Il ne suffisait pas aux commissaires civils d’avoir vaincu les factieux qui avaient tenu le Port-au-Prince si longtemps en état de rébellion : les habitans, plus ou moins, y avaient pris part. Ils furent donc traités en vaincus, et subirent une contribution de guerre fixée à quatre cent cinquante mille francs. Puisqu’ils avaient pu donner une somme à Borel pour qu’il se retirât, ils pouvaient et devaient être condamnés à payer les frais de la guerre qu’ils occasionnèrent par leur faiblesse, sinon par leur complicité. Cependant, les commissaires n’exigèrent pas la totalité de la contribution, dont un tiers au plus fut réellement payé.

Une autre mesure de rigueur devenait plus urgente