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qu’il réclamait, il offrait alors à Lasalle de lui livrer cent cinquante des plus furieux agitateurs qu’il poussait aux crimes[1]. Arrivé à Jacmel, il partit pour la Jamaïque où il reçut un bon accueil des autorités anglaises. De là il écrivit des lettres factieuses à la municipalité de Jacmel pour l’engager à résister aux commissaires civils, en lui promettant le prochain appui des forces britanniques. Les relations établies depuis 1790 entre l’assemblée générale de Saint-Marc et cette île ; les propositions faites en 1791 par l’assemblée coloniale du Cap et par l’assemblée provinciale du Port-au-Prince, au gouverneur et à l’amiral de la station navale ; les intrigues qui se tramaient à Londres entre plusieurs colons et le gouvernement britannique, dès le mois de février 1793 ; la remise de diverses places de la colonie aux autorités anglaises dans la même année : tout indique que Borel avait raison de promettre cet appui. Pendant la présence des bâtimens de la République dans la rade du Port-au-Prince, deux frégates anglaises, la Pénélope et l’Iphigénie, croisaient sur les côtes de la Gonave ; et les factieux faisaient circuler une lettre de la Jamaïque, dans laquelle on engageait les habitans à résister aux commissaires civils.


La fuite de Borel ayant facilité la soumission des habitans, le général Lasalle entra avec toute l’armée de terre, le 13, à 6 heures du soir : elle occupa immédiatement les différens forts de la ville et autres postes.

Le 14 avril, Polvérel et Sonthonax débarquèrent au bruit d’une salve d’artillerie qui honorait en eux les

  1. Rapport de Garran, t. 3, p. 349. De quelle espèce de marquis était donc celui-là ? Comment comprenait-il la noblesse de son origine ?