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» Enfin, Messieurs, le Sénat sépare les orateurs et la tribune, de la Chambre, sans doute dans la secrète intention de signaler les représentans qui ont le courage de leur opinion, à la vindicte de quelque puissance vengeresse : comme s’il ignorait que le système dominant est en désaccord avec la disposition des esprits, comme si le pays, si les citoyens, les familles, tous les Haïtiens enfin, ne préféreraient le malheur qu’on leur fait appréhender, à cette misère hideuse qui jette toutes les espérances dans une longue et cruelle agonie. La Chambre ne séparera pas le Sénat, de ses rédacteurs de messages et de comptes-rendus, parce que la Chambre n’a pas à incriminer la jouissance de la liberté d’opinion ; mais elle signalera au pays toutes les déviations de la constitution, tous les abus de ses plus saintes maximes ; en un mot, elle dira : — de violation en violation, d’interprétation en interprétation, le Sénat transformera la constitution en un code de despotisme pour le méchant qui saisira les rênes du gouvernement.

» Je persiste et je vote qu’il n’y ait point d’élection, à moins qu’on n’ait remis tous les candidats pour l’élection des sénateurs. Je vote, avant tout, pour la protestation préalable contre la décision du Sénat. »

« Le président de la Chambre mit aux voix : si l’on votera la protestation avant de passer à l’élection du sénateur à élire ? À une grande majorité, la Chambre a décidé : que la question préalable est la protestation, et ensuite l’élection du sénateur. La séance publique est levée et renvoyée à lundi 7’octobre. La Chambre passe en comité général[1]. »

Le fait est que, sur 53 membres présens, 32 votèrent

  1. La Feuille du Commerce, à défaut du Bulletin des lois, nous a fourni tout ce que nous venons de rapporter.