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comme votre prédécesseur ; vous avez proposé, le 24 septembre, 15 candidats pour l’élection de 5 sénateurs, en fractionnant la liste ; le 26, vous avez encore proposé 15 candidats de la même manière, en reproduisant M. J. Thézan, non élu le 24, mais élu le 26. Ainsi la Chambre n’a pas raison de vous opposer aujourd’hui votre procédé et celui de Pétion : ses orateurs l’égarent. Demain matin, je vous apporterai en communication les procès-verbaux, de la Chambre qui sont aux archives du Sénat[1]. »

Après s’être convaincu de la vérité ; de ces assertions, Boyer répondit, le 26 septembre, à la partie du mèssage de la Chambre concernant le prétendu assassinat médité contre les membres de l’Opposition. Il le fit avec une énergique indignation :

« Mais d’où viennent ces bruits ? dit-il. Quels en sont les auteurs ? Voilà, ce me semble, ce que la Chambre, avant dejeur donner une extrême publicité, aurait dû chercher à connaître et à signaler d’une manière précise. D’un autre côté, comment expliquer dans le message de la Chambre, ce mélange de soupçon qu’elle accorde à ce projet abominable, et d’hommage rendu aux sentimens du Président d’Haïti ? Si la Chambre ne croit pas à la vérité des bruits dont il s’agit, pourquoi l’éclat qu’elle leur a donné ? Pourquoi la démarche officielle qu’elle fait auprès de moi, et qui pourrait blesser la délicatesse de mon caractère ? Si elle y croit, c’est une offense plus grave encore, que je repousse de toute l’énergie de mon âme et dont l’opinion nationale fera justice. Ma vie privée, ma carrière publique, sont au

  1. Dans son message du 23 septembre, le Sénat avait parlé dé l’interprétation donnée par Pétion à la constitution, et de celle suivie par Boyer d’après lui ; mais le Président n’y avait pas fait attention.