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tendantes à démontrer combien il importait à l’ordre et à la tranquillité publique, que les différens pouvoirs de l’État fussent d’accord et marchassent en harmonie, afin d’atteindre plus sûrement le but désiré, — celui de la prospérité nationale. Nous avons ajouté : que l’on ne pouvait se dissimuler, qu’entraînée par des esprits turbulens, quelquefois la Chambre s’est occupée de questions en dehors dé ses attributions, et s’est écartée des limites tracées par le pacte constitutionnel ; que, par cette conduite imprudente, on pourrait lui reprocher d’avoir fourni des prétextes aux malveillans et aux anarchistes pour colorer leurs projets de subversion. Nous n’avons pas entendu sans étonnement le chef de la députation de la Chambre répondre avec amertume à nos observations, en quittant l’objet de la discussion pour se retrancher derrière une théorie du pouvoir d’opinion, qu’on ne pouvait pas de bonne foi invoquer ici, à moins qu’on ne prétende mettre en question la constitution elle-même et saper toutes nos existences politiques. Mais, citoyens sénateurs, s’il n’a fallu à votre députation que du bon sens et quelque peu devrai patriotisme pour relever ces folles imaginations, ne devez-vous pas, comme elle, être assurés que la nation fera justice de ces vaines théories qui ne tendent qu’à fasciner les esprits et à attirer sur le pays des maux infinis ? »

Le Sénat arrêta l’impression de ce rapport, qui ne produisit pas sur l’esprit public le même effet que les paroles prononcées le 9 mai par H. Dumesle à la Chambre, parce qu’il venait un peu trop tard pour rendre compté de la discussion qui avait eu lieu au palais entre les députations de ces deux corps. Le bureau du Sénat ayant voulu que ce rapport parût aussi dans l’Union, le général Inginac, avisé de son intention, fit tous ses efforts pour s’y opposer, pré-