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de l’exécution à mort des assassins du secrétaire général, quelques individus attachés au Président voulurent prouver leur zèle ; ils s’entendirent avec certains représentans, pour que ceux-ci proposassent à la séance de la Chambre, le lundi 21, l’expulsion de son sein de H. Dumesle, D. Saint-Preux, Valencia, E. Lartigue, Couret et Beaugé, tous six des plus ardens parmi les opposans. Mais ce projet étant parvenu à la connaissance de Boyer, dans la journée même du 20, il y mit empêchement. La Chambre en eut également connaissance. Dans sa séance du 16, elle avait élu Couret, président en remplacement de H. Dumesle ; en ouvrant celle du 21, Couret invita ses collègues à passer en comité général : sur sa_proposition, la Chambre résolut immédiatement de suspendre ses séances jusqu’au lundi 28, et elle se sépara.

Tandis qu’elle détournait ainsi l’orage qui avait été sur le point d’éclater dans son sein, le Sénat s’était réuni également. Se ravisant tardivement, la députation que ce corps avait envoyée, le 8 mai, auprès du Président d’Haïti, crut devoir imiter celle de la Chambre en rendant compte de ce qui s’était passé ce jour-là au palais national ; elle le fit en ces termes :

« Citoyens sénateurs, — La députation que vous avez envoyée auprès de S. E. le Président d’Haïti, s’est acquittée de sa mission. Son Excellence a été satisfaite des sentimens que les membres du Sénat lui ont fait exprimer dans cette déplorable circonstance, où l’indignation et l’horreur de tous les bons citoyens se sont manifestées d’une manière si remarquable. Une députation de la Chambre partageait avec nous l’audience de Son Excellence ; c’était l’occasion d’une effusion de sentimens et de pensées patriotiques. Nous en avons profité pour présenter quelques réflexions