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auprès du chef du gouvernement, afin de prouver leur attachement, sinon à sa personne qui avait couru des dangers, du moins aux institutions publiques.

En présence de ces deux députations, le Président manifesta les sentimens qu’il éprouvait sur la situation présente et sur celle qui pouvait résulter dans l’avenir, des opinions exprimées inconsidérément par les hommes éclairés et surtout par les corps politiques. Il reprocha à la Chambre d’avoir fourni aux anarchistes, des prétextes pour commettre un assassinat sans exemple précédent, pour troubler l’ordre public et essayer de renverser le gouvernement afin de se livrer au pillage ; il dit que c’était l’adresse de la Chambre et les discours imprudens prononcés dans son sein qui étaient cause de ces mauvaises passions, parce que ces actes représentaient le gouvernement comme ne voulant rien faire pour le pays, etc.

Ces reproches s’adressant plus particulièrement à H. Dumesle, et comme président de la Chambre, il prit la parole pour se disculper et disculper ce corps, en prétendant que ses actes étaient dans la nature des choses et dans « le pouvoir d’opinion » qu’elle devait exercer dans l’État, etc.

À ces mots, des membres de la députation du Sénat prirent aussi la parole pour lui faire observer, que la Chambre semblait croire qu’elle seule devait avoir ce « pouvoir d’opinion, » et que c’était un tort de sa part, une prétention insolite, puisque le Sénat et le Président d’Haïti avaient des attributions bien supérieures à celles de la Chambre, d’après la constitution, et qu’ils devaient parconséquent exercer plus d’influence sur l’opinion publique et sur les affaires de l’État.

Il s’ensuivit dès lors une vive discussion entre les membres des deux députations. Boyer la fit cesser, en les in-