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l’instruction élémentaire, la plus nécessaire de toutes, sera également répartie sur les divers points du territoire, et partout à la portée du peuple. La création de trois lycées dans les villes des Cayes, du Cap-Haïtien, de Santo-Domingo, offrira à la jeunesse, dans ces grands centres de population où le besoin d’une instruction plus élevée se fait sentir, les moyens de se préparer à remplir dignement les différentes carrières auxquelles elle se destinera[1]… »

Dans l’état actuel des choses, ce projet était insuffisant ; néanmoins, la Chambre, qui avait reçu trois jours auparavant les comptes généraux de la République renvoyés à l’examen de son comité des finances, s’empressa de prendre lecture de ce projet ; le 7 mai elle le discutait pour la deuxième fois. Quelques jours après, Boyer le lui fit demander, sous prétexte de le retoucher : le fait est, que la grande catastrophe du 7 mai, — le tremblement de terre, — l’avait porté à le retirer tout à fait par motifs d’économie. Inutile de dire qu’il ne fut plus question du budget de 1843 qui avait été préparé par les soins de MM. Pilié et Inginac.

Lorsque ce dernier eut vu retirer le projet de loi sur l’instruction publique, tout insuffisant qu’il fût, il fit appeler M. B. Ardouin, alors président du Sénat, et il lui dit : « Savez-vous que le Président a retiré ce projet ? — Non. » — C’est ce qui a eu lieu cependant. J’ai inutilement fait tous mes efforts pour persuader le Président de laisser voter cette loi, qui serait quelque chose dans la situation où nous sommes. Il m’a répondu qu’il y aura trop de

  1. Notez qu’en 1822, à la réunion de la partie de l’Est, il y avait une université on grand collége à Santo-Domingo, entretenu par le gouvernement espagnol, et que peu après Boyer supprima cet établissement pour y substituer une simple école primaire.