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celle du tribun, du chef de l’Opposition, qui, au moment de présenter à cette assemblée l’adresse qu’il veut faire voter par elle, la prépare à cet acte qui va devenir le programme définitif de tout ce que la Chambre des communes prétend obtenir du pouvoir exécutif, dans l’intérêt de la nation. On ne peut disconvenir que H. Dumesle possédait, pour le rôle qu’il jouait, le tact des convenances dont il fallait user envers Boyer, en le sommant, pour ainsi dire, de sortir de cette attitude qu’il avait prise à l’égard de la Chambre, pour se refuser d’exercer l’initiative constitutionnelle qui était dans ses attributions.

Le 25 avril, la Chambre reçut un nouveau message du Président d’Haïti, avec une liste de trois candidats pour un sénateur à élire en remplacement du sénateur Oriol, décédé. Cette fois, elle ajourna l’élection jusqu’à ce que le Sénat se fût conformé à l’art. 118 de la constitution, et elle en avisa le Président d’Haïti : c’était lui dire de porter le Sénat à être plus scrupuleux observateur du pacte social[1].

Enfin, dans la séance du 27, la Chambre prit connaissance du projet d’adresse au chef du pouvoir exécutif, qu’elle approuva unanimement. Voici ce fameux acte longuement médité :

« Président,

» La Chambre, pleine encore de l’impression que votre discours d’ouverture a faite sur elle, vient vous porter l’expression des vœux et des sentimens d’une nation magnanime qui vous a confié le soin de son salut, et qui, fière des glorieux souvenirs que réveille en elle le traité qui recon-

  1. Le 30 avril, en effet, le Sénat adressa un message à la Chambre, qui en prit lecture le 2 mai et procéda immédiatement à l’élection du citoyen Décossard (de Jérémie). Les deux autres candidats étaient encore MM. Rouanez et Calice Bonneaux.