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H. Dumesle, D. Saint-Preux et les autres représentans éliminés de la Chambre des communes, n’avaient pas tardé à quitter la capitale pour se rendre aux lieux de leur domicile. Dans cette circonstance, le général Inginac, commandant l’arrondissement de Léogane, commit un acte arbitraire empreint de rancune : il envoya l’ordre au colonel Cerisier, commandant de la place et de la commune du Petit-Goave, d’exiger de H. Dumesle et de D. Saint-Preux l’exhibition du passeport qu’ils auraient dû prendre de l’autorité militaire de la capitale pour voyager à l’intérieur, et au cas qu’ils n’en seraient pas porteurs, de les arrêter et de les mettre en prison : ce qui eut lieu. Or, le passeport n’était jamais demandé par qui que ce soit dans l’étendue de la République ; chacun voyageait librement.

Aussitôt que Boyer eut appris l’exécution, de l’ordre donné par le secrétaire général, il le fit révoquer et élargir les ex-représentans en blâmant Inginac. Néanmoins, cette persécution resta dans leur esprit et dans leur cœur, à la charge du pouvoir exécutif ; et ils lui en voulurent davantage, par le langage tenu par le Président dans la proclamation qu’il publia le 10 octobre. Voici les principaux passages de cet acte adressé « aux Haïtiens, » et qui leur rappelait l’harmonie, la bonne entente qui avait toujours existé entre les trois grands pouvoirs, depuis la publication de la constitution de 1816 :

« Il était réservé à la 5e législature de voir attenter à cet

    vous faire observer, qu’il n’avait pas sollicité la charge du ministère public, que c’est vous qui lui avez fait cette offre ; et après avoir espéré de recevoir sa nomination et celle de son gendre comme trésorier, en ne recevant de vous aucune communication à ce sujet, son mécontentement est bien légitime. » Le Président convint à peu près de son tort, et il me dit que son intention avait été de proposer M. Féry parmi les candidats au sénatoriat dans la session de cette année, mais qu’il n’avait pu le faire à raison de la médaille et de l’adresse qui l’accompagnait. On sait que M. Féry devint le chef de l’Opposition à Jérémie et qu’il coutribua beaucoup à la chute de Boyer.