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gne, comme à la France, par le respect qui fut porté aux propriétés particulières dans l’Est d’Haïti, par l’admission, en 1822, comme Haïtiens, de tous les blancs qui s’y trouvaient propriétaires et qui jurèrent fidélité à la République. Quant au domaine public, il lui échut par cela seul que le peuple de cette partie voulut irrévocablement se soustraire à la domination de l’Espagne pour s’incorporer à elle.

Le 6 février, le Président d’Haïti adressa une proclamation à ses concitoyens ; elle leur rendit compte de l’issue de la mission envoyée par le roi d’Espagne. Cet acte récapitula les événemens antérieurs à la réunion de l’Est à la République, cita le texte de la constitution et les motifs qui déterminèrent les fondateurs de l’indépendance nationale à comprendre toute l’île dans le territoire haïtien. Il rappela aux citoyens de l’Est comment ils s’étaient adressés au chef de l’État, pour opérer cette réunion que les malheurs des temps de désordre avaient seuls ajournée jusqu’en 1822, et les engagea à toujours rester unis au giron du gouvernement qui faisait tout pour leur procurer bonheur et prospérité[1]. Il dit en terminant : « Nous avons déclaré à l’univers que notre désir est de vivre en paix avec toutes les nations ; nous nous en sommes imposé la loi par notre constitution ; nous sommes toujours dans la détermination de respecter la sécurité des États qui ne troubleront pas la nôtre. Mais si jamais notre territoire était violé, nous serions dégagés envers nos agresseurs, et nous remettrions les destinées d’Haïti entre les mains du souverain arbitre des peuples et des rois. »

  1. Au mois de février suivant, le gouvernement fit publier, en brochure, toutes les pièces qui lui avaient été adressées par le peuple de la partie de l’Est, pour le conjurer de venir en prendre possession, précédées de l’historique des événemens antérieurs ; et en juin, il fit publier aussi le texte des notes échangées entre Don F. de Castro et les plénipotentiaires haïtiens, les pleins-pouvoirs respectifs, etc.