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et noble émulation qui porte un citoyen à vouloir se distinguer honorablement : dans la carrière civile comme dans la carrière militaire, une telle ambition est légitime.

Dans la situation où se trouvait la République, dont le gouvernement continuait à correspondre avec celui de France, par rapport au traité qu’il désirait conclure, Boyer pensa sans doute qu’il était sage et prudent d’instruire particulièrement les généraux de l’armée commandans d’arrondissement, de tout ce qui s’était passé depuis l’acceptation de l’ordonnance de Charles X. À cet effet, il les convoqua à la capitale dans le mois de décembre, ainsi qu’il l’avait fait deux ans auparavant ; presque tous s’y rendirent. Une communication leur fut donnée de tous les actes du gouvernement, avec l’explication des motifs qui l’avaient guidé dans les vues patriotiques dont il était animé, et du but auquel il désirait atteindre. C’était le vrai moyen de convaincre les chefs qui dirigeaient le peuple dans leurs commandemens respectifs, et de les porter à soutenir le Président de la République dont l’aménité ajoutait un nouveau prix à cette communication. S’ils ne se retirèrent pas tous pénétrés des raisons qu’il allégua pour justifier sa conduite dans ces graves circonstances, du moins ces généraux ne pouvaient se plaindre qu’il eût dédaigné de les mettre au courant des affaires de l’État.

L’arrêté du Président qui créa les billets de caisse avait imposé une trop rude besogne au secrétaire d’État Imbert, en l’obligeant à les viser. Indépendamment de ses occupations multipliées et de ses fréquentes indispositions causées par l’asthme dont il était atteint depuis de longues années, ce moyen de contrôle financier n’était pas de toute nécessité. Un nouvel arrêté du 12 décembre avertit le public