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qui depuis longtemps est universellement connue… »

Cette déclaration produisit le meilleur effet dans les rangs de ceux des Haïtiens qui, blessés des termes de l’ordonnance du 17 avril, avaient pensé que le Président n’aurait pas dû l’accepter, sans être pour cela de l’opposition existante contre son gouvernement. Ils virent avec satisfaction qu’il tenait un langage digne du premier magistrat d’un peuple qui se reconnaissait « libre, indépendant et souverain » sur son territoire, dès le jour à jamais mémorable du 1er janvier 1804. Après cet acte, qui posait Haïti en face de la France comme résolue à soutenir ses droits, il n’y avait plus qu’à persévérer à obtenir le traité qui devait expliquer l’ordonnance, ou l’annuler par la conclusion de nouveaux arrangemens, pour satisfaire l’honneur national.

Mais cet honneur même obligeait le gouvernement à vider le trésor public de tous les fonds qui y étaient en réserve, afin de compléter, s’il y en avait suffisamment, le premier terme de l’indemnité. Boyer fit expédier en conséquence un million de piastres qui produisit en France la somme de 5,300,000 francs, lorsqu’il en aurait fallu six millions. Le citoyen Seguy Villevaleix, chef des bureaux de la secrétairerie générale, fut chargé d’accompagner ces fonds qu’on plaça sur la corvette française l’Hébé et qui furent versés à la caisse des dépôts et consignations. C’étaient donc 700,000 francs qui restaient dus encore.

Pendant que la corvette se rendait en France, le gouvernement reçut la réponse du ministre des affaires étrangères de ce pays, à la dépêche que le secrétaire général lui avait adressée le 3 mars. On va voir ce que disait cette réponse et ce qui motiva le message suivant, en date du 1er août, adressée par Boyer au Sénat :