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juge, et ce ministre, par ordre du chef de l’État, adressa une circulaire à cette occasion. Elle décida que tout officier ministériel, élu représentant, devait opter entre les deux natures de fonctions qui étaient incompatibles par ces faits ci-dessus dénoncés. Le grand juge fondait sa circulaire par l’analogie des dispositions de l’art. 81 de la constitution disant : « Il y a incompatibilité entre les fonctions de resentant des communes et toutes fonctions publiques salariées par l’État. »

Quelques-uns des avocats représentans, formant l’Opposition dans la Chambre des communes, pensèrent que c’était à cause d’eux-mêmes que cette mesure avait été prise ; et à la session de 1835, ils demandèrent la comparution du grand juge pour répondre sur sa circulaire. Mais cette proposition fut rejetée par l’influence des autres avocats qui leur disputaient la direction dans la Chambre, ceux-ci approuvant la mesure. La lutte entre eux devint si vive et si passionnée, que H. Dumesle et David Saint-Preux furent exclus par la Chambre, placée sous l’influence de Milscent et des autres avocats. Cette décision inconstitutionnelle fut attribuée par ceux qui en étaient victimes, à une entente de leurs collègues avec le chef de l’Etat : ils protestèrent contre leur exclusion et en appelèrent au Sénat, afin d’être jugés par la haute cour de justice, si l’on admettait qu’il y avait lieu de les accuser. Mais le Sénat résolut qu’il ne pouvait déférer à leurs désirs, puisque la Chambre ne lui avait adressé aucune accusation contre eux. Privés de cette ressource pour se justifier, H. Dumesle et David Saint-Preux devinrent les chefs de l’Opposition dans le pays, pour poursuivre ce rôle à outrance.

Dans cette année, l’archevêque d’Haïti, qui s’était retiré