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que Boyer allait l’entendre dans la soirée du 30 ; le sénateur Ardouin crut devoir proposer qu’une discussion eût lieu en présence du Président, sur chacun des points des instructions auxquelles lui et les autres plénipotentiaires devaient se conformer, afin qu’ils fussent bien pénétrés de sa pensée et de ses désirs, et que cette négociation, qui semblait devoir être la dernière, ne fût pas entravée par des malentendus. Boyer ayant admis cette proposition, la discussion fut ouverte.

Les instructions portaient : 1o  sur la forme à donner à la reconnaissance, par la France, de la République d’Haïti comme État libre, indépendant et souverain ; elles disaient, en outre, que S. M. le Roi des Français renoncerait, pour lui, ses héritiers et successeurs, à toutes prétentions sur Haïti ; 2o  quant aux clauses de la convention ou traité de commerce, on devait admettre toutes celles qui, précédemment adoptées dans les projets qui avaient eu lieu, ne seraient pas contraires aux institutions politiques, aux lois de la République et aux intérêts nationaux : sa durée pourrait être de dix à quinze ans au plus ; 3o  à l’égard du chiffre à fixer pour solde de l’indemnité, les plénipotentiaires devaient persister dans la proposition de le réduire à 45 millions de francs, s’efforcer de l’obtenir ainsi, payable en 45 ans, par délégation sur les douanes haïtiennes, par lettres de change ou en espèces monnayées, à la convenance du gouvernement de la République. — Le principe d’être traité, réciproquement, en matière de commerce, sur le pied de « la nation la plus favorisée, » était inséré aussi dans ces instructions. À ce sujet, M. S. Villevaleix aîné, émit l’opinion qu’il pourrait être repoussé par les plénipotentiaires français, pour ne pas favoriser l’entrée en France des cafés d’Haïti, à moins d’obtenir des avantages commer-