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ses assertions. Il fut condamné, comme calomniateur, à être dégradé de son rang, et il subit ce jugement avec toutes les circonstances propres à le couvrir d’infamie : jugement prononcé peut-être par des complices de la conspiration qui existait réellement. Izidor triompha, à la grande satisfaction de Boyer qui s’aveuglait sur son compte.

Cette conspiration paraît avoir été conçue par bien des gens, dans le but de faire du département du Nord un État distinct de la République, sauf à entraîner dans le mouvement le département de l’Artibonite, même tous les autres, s’il se pouvait, en renversant Boyer de la présidence. Les conspirateurs se proposaient de proclamer le général de division Guerrier, comme chef de leur criminelle entreprise.

À cet effet, l’un d’eux nommé Gervais Henri, ancien officier du 1er ou 2e régiment d’infanterie licenciés pour sédition au Cap-Haïtien, en 1821, alla parler de cette conspiration au général Guerrier qui se trouvait à Saint-Michel, l’une des communes de l’arrondissement de la Marmelade qu’il commandait. Gervais Henri était envoyé auprès de lui par ses complices, afin de le persuader de consentir à leur projet. Loin d’y adhérer, le général Guerrier expédia de suite un de ses aides de camp auprès de Boyer pour lui donner connaissance verbalement de la démarche de Gervais Henri. Cet aide de camp arriva au Port-au-Prince, le 22 décembre 1836.

Tout en sachant gré au général Guerrier de cette information, le Président s’étonna qu’il n’eût pas fait arrêter Gervais Henri et qu’il ne l’eût pas formellement dénoncé par une lettre, lui et les autres conspirateurs dont il avait dû citer les noms pour mieux entraîner le général. Le Président renvoya l’aide de camp immédiatement, avec