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grès, l’avancement Haïti dans une voie civilisatrice. Tous ses écrits publiés ensuite, tous les discours prononcés par lui, n’ont été que le développement de cet acte qui rallia l’Opposition autour de lui, pour suivre désormais sa bannière sur laquelle il écrivit ce mot magique : Amélioration[1]. Et pour dessiller tous les yeux, il a fallu que le succès, couronnant son œuvre et lui donnant une influence décisive en 1843, vînt prouver son inaptitude à réaliser tout ce que désiraient son ambition, et sans nul doute son patriotisme.

Dans notre conviction encore, Boyer eût pu modérer, diriger cette ambition, ou du moins détourner H. Dumesle de cette voie dans laquelle il entra, forcément en quelque sorte, car son amour-propre blessé, froissé, irrité, l’y poussait afin de ne pas paraître coupable. Dans sa jeunesse, H. Dumesle avait reçu de Boyer de nombreux témoignages d’intérêt affectueux, il en avait gardé le souvenir. Dans son ouvrage intitulé — « Voyage dans le Nord d’Haïti, » il se plut à consigner son admiration pour Boyer ; à la Chambre, en 1824, il en fit un éloge pompeux. Mais le caractère du Président s’opposait à ces moyens qu’un chef de gouvernement emploie souvent, dans l’intérêt public et sans perdre de sa dignité, pour désarmer un ambitieux[2].

Après l’exclusion des deux représentans, la Chambre vota, le 21 et le 30 août, la loi « sur les patentes et celle sur l’impôt foncier, » telles que le comité de finances les avait préparées sous la direction de Milscent. Elle termina sa session le 12 septembre. Celle de 1834 devait présenter un

  1. À présent, le mot progrès a remplacé son devancier. À toutes les époques, l’esprit humain se saisit toujours d’une idée pour exprimer ses espérances, ses aspirations dans l’ordre moral et dans l’ordre matériel.
  2. Je parlerai plus tard, d’une lettre que H. Dumesle adressa à Boyer en 1836, et qui motive l’opinion que j’émets dans ce paragraphe.