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du Président, augmentant dans la capitale le nombre des opposans qui s’y trouvaient. Boyer se décide alors à abandonner la Chambre à elle-même ; il la laisse à sa propre initiative pour les lois d’impôts, en se retranchant dans celle que lui-donne la constitution, pour en user selon qu’il le jugera convenable. Et la première session de cette législature, qui s’annonçait sous des auspices si favorables, se borne à trois lois peu importantes.

Dans l’intervalle de cette session à celle qui l’a suivie, une circulaire du ministre de la justice, écrite par ordre du Président, interprétant un article de la constitution d’après l’esprit de ce pacte fondamental, fondée sur des faits graves contraires à la hiérarchie judiciaire, sur des besoins publics, vient décider qu’il y a incompatibilité entre les fonctions de représentant et celles d’officier ministériel, afin de porter ceux qui les cumulent à opter entre les unes et les autres ; et les mêmes représentans qui se sont montrés opposans, s’en prévalent pour crier à l’arbitraire, pour vouloir que le ministre soit mandé à la barre de la Chambre des communes, afin de s’expliquer sur cet acte. Il est vrai qu’ils se basent sur la constitution qui permet cette comparution, que dans la forme ils couvrent la responsabilité du Président par celle du ministre ; mais qui ne s’aperçoit qu’au fond de leur démarche ils désirent atteindre le Président dans la personne du ministre ? Leurs collègues en sont convaincus et repoussent leur demande comme inutile ; ce sont surtout des officiers ministériels comme eux qui prouvent cette inutilité, eux qui sont également intéressés dans la question qui est soulevée ; ce sont eux qui leur disent de pas en faire une question personnelle sous le masque des principes. Dans la même séance, on voit encore ces opposans essayer de soutenir une demande inconcevable,