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tinrent au contraire sa demande à la Chambre ; elle renvoya à y statuer à sa prochaine séance.

À cette séance, qui eut lieu le 26 juillet, en comité général comme la précédente, divers orateurs prirent la parole. H. Dumesle reproduisit sa motion. J. Depa dit :

« Messieurs, si nous étions appelés à décider de la beauté, de l’élégance d’un discours parsemé de phrases recherchées, nul doute que celui du représentant H. Dumesle n’eût obtenu toute notre approbation ; mais telle n’est point notre mission… Veiller de bonne foi aux intérêts de nos mandans et concourir de tout notre pouvoir à leur prospérité, conjointement avec le chef auquel la nation est fîère d’avoir confié ses destinées, tel est notre mandat… Soyons bienveillans, soyons assez amis du collègue H. Dumesle pour lui dire, que sa proposition tendant à faire venir ici le grand juge de la République… est inadmissible. En effet, Messieurs, ne voyons-nous pas qu’il existe une incompatibilité réelle entre les fonctions de représentant et toute autre fonction publique, surtout celles qui soumettraient les mandataires du peuple à la discipline du corps judiciaire auquel ils appartiendraient comme officiers ministériels ?… Vous ne serez pas étonnés, Messieurs, de me voir, partie intéressée, me déclarer contre cette proposition ; car l’intérêt personnel disparaît ou doit disparaître devant l’intérêt général… »

D. Saint-Preux soutint de nouveau cette proposition. Milscent la repoussa encore par un discours écrit où il présenta d’autres considérations pour appuyer la circulaire du grand juge ; il dit « que le Président d’Haïti, nommant les officiers ministériels, pouvait les révoquer, car les emplois publics ne sont point une propriété individuelle. En vous laissant l’option, il a respecté votre liberté. Que pouvait-il