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teur de la section des finances, y lut un projet de loi « sur l’impôt foncier » et un rapport qui expliquait sa réduction de 5 pour cent à 2 et demi, en y attachant des moyens plus rigoureux que par le passé, afin d’assurer la perception de cet impôt que les contribuables ne payaient guère[1]. Immédiatement après cet orateur, Raphaël Servando Rodriguez, représentant de Saint-Yague, monta à la tribune et lut un discours dont nous donnons ici des extraits qui feront comprendre ce qui se passait dans la Chambre et ce que voulaient ses membres modérés. Après un exorde où il s’excusait de ne pouvoir bien s’exprimer en français, il dit :

« À des époques précédentes, cette enceinte a retenti de débats empreints d’amertume : ce n’est pas sans aigreur qu’ont été repoussés par vous des projets émanés du chef de l’Etat ; c’est avec des formes peut-être acerbes qu’ont été présentés par vous, des vœux peut-être intempestifs. Sous le masque du bien public, une Opposition violente s’est élevée de vos rangs et n’a dû produire d’autre effet que d’inspirer du dégoût au chef de l’Etat à la vue de ses intentions méconnues et de ses efforts contrariés. Aussi faut-il s’étonner, Messieurs, si des projets d’améliorations réclamés par de bons citoyens et élaborés déjà par le gouvernement, sont restés en ses mains, en attendant des jours plus calmes et des dispositions moins hostiles ? Messieurs, c’est toujours sous le manteau de l’intérêt public que, dans tous les temps, l’erreur et la passion cachent leur face hideuse… C’est ainsi Messieurs, que chez tous les peuples qui ont passé sur la surface de la terre, des esprits inquiets et turbulens ont con-

  1. M. Nau avait signalé les difficultés de la perception par les moyens de l’ancienne loi et provoqué des changemens de la part de la Chambre.