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plainte contre eux pour entraîner leur révocation de leurs cures. Il fut facile à la commission de leur prouver que le siége archiépiscopal n’était pas vacant par la seule absence du titulaire qui avait témoigné au Président le désir de se rendre à la Havane, ce qu’il n’avait fait qu’après avoir réglé l’ordre ecclésiastique et la subordination due aux vicaires généraux qu’il avait institués ; que sa mort naturelle seule pouvait entraîner la vacance du siège ; et qu’alors ce serait au Saint-Père à y pourvoir ; mais qu’en attendant, les curés de la République devaient leur obéir. Ces trois prêtres, loin de reconnaître l’irrévérence qu’ils avaient commise envers l’abbé Salgado, déclinèrent leur comparution devant la commission, dans un nouveau mémoire qu’ils lui remirent le lendemain et où ils déclarèrent qu’elle n’avait aucun pouvoir pour les juger, bien qu’elle se fût attachée à leur dire dans la conférence, qu’il ne s’agissait que de les entendre dans les motifs de leur conduite et de faire son rapport au chef de l’État. Sur ce rapport, et à raison de la persistance qu’ils mirent dans leurs prétentions, leur révocation fut maintenue[1].

Elle devait l’être par le Président qui avait eu connaissance d’un bref du Saint-Père Léon XII, en date du 20 septembre 1826, adressé à l’archevêque Pedro Valera par le cardinal J.-M. Somaglio, et dans lequel le Pape avait tout prévu, même pour le cas de la mort de ce prélat : ce qui avait autorisé ce dernier à régler les affaires ecclésiastiques, ainsi que nous l’avons dit, au moment de son départ pour la Havane. Il y était décédé au commencement de cette année, mais on l’ignorait à Haïti, tandis que la cour de Rome

  1. Après leur comparution par devant la commission, ces trois prêtres firent publier le mémoire qu’ils avaient adressé à l’abbé Salgado, et celui-ci dut publier un mandement pour en combattre l’effet.