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dissement des Cayes, et il déféra à ce désir uniquement pour être agréable au Président ; car il préférait celui où il avait déjà passé dix années. Voilà comment il se trouva placé à un poste qu’il avait décliné en 1813, et où son patriotisme éclairé devait le porter, quelques années après, à soutenir honorablement l’autorité du chef de l’Etat.

Enfin, les représentans élus se réunirent en majorité à la capitale, dans les premiers jours d’avril. Ce n’est pas en faire une satire déplacée de dire que, dans la vérification de leurs pouvoirs, « ils se passèrent mutuellement la rhubarbe et le séné, » tant les procès-verbaux d’élections étaient entachés d’irrégularités ; et la Chambre des communes elle-même en fit presque l’aveu ensuite. Parmi ses membres, on distinguait des défenseurs publics ou avocats, tels que Milscent (du Cap-Haïtien), Hérard Dumesle (des Cayes), David Saint-Preux (d’Aquin), Latortue (des Gonaïves), J. Depa (de Jacmel), des notaires, des arpenteurs, des officiers de l’état civil, etc.

Le 10 avril, le Président d’Haïti procéda à l’ouverture de la session, par un discours qu’il improvisa cette fois et dont la Chambre constata le sens par son procès-verbal. « Il témoigna combien il était satisfait de voir que le choix de la nation haïtienne s’était fixé sur des citoyens capables de répondre au vœu du peuple, tant par leur patriotisme et leur zèle, que par leurs lumières et leur loyauté, en concourant à l’affermissement de l’édifice de la prospérité de la patrie. »

Milscent, élu président, répondit à Boyer par un discours écrit. Il lui dit : « que la Chambre, au nom du peuple, lui payait le tribut d’une profonde reconnaissance… L’indépendance nationale était proclamée ; mais une portion intéressante de notre population souffrait dans la divi-