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payemens à la caisse des dépôts et consignations. Au moyen de ce consentement, le traité de commerce et de navigation pourrait être ratifié. — Disons une fois que ce refus de ratification, de la part du gouvernement français, fut une chose heureuse pour Haïti qui se serait engagée ainsi à payer indéfiniment des sommes exorbitantes, en sus du capital de l’indemnité. La Providence lui réservait mieux que cela, par suite d’événemens dont elle avait seule le secret.

MM. Imbert, Voltaire et Inginac furent encore chargés d’entrer en négociation avec M. Pichon, qui avait ordre de s’adjoindre M. Molien. Les grands fonctionnaires expliquèrent la convention, en lui déclarant que l’expression au pair s’entendait nécessairement ainsi : « que la gourde haïtienne serait acceptée pour la valeur de cinq francs. » Or, la monnaie nationale, soit métallique ou billets de caisse, perdait 75 pour cent, au change de la monnaie d’Espagne, le café, sur le prix duquel se règle toujours ce change en Haïti, ne valant en Europe, en 1830, que huit piastres et un huitième[1].

À cette déclaration, M. Pichon se récria et opposa ce fait notoire qui ne permettait pas, selon lui, au gouvernement français de souscrire une telle convention, qui serait onéreuse aux intérêts des ayants-droit à l’indemnité. Mais les grands fonctionnaires lui objectèrent qu’en acceptant l’ordonnance de 1825, sur la foi de la note explicative de M. de Mackau, sur sa promesse verbale d’appuyer les réclamations du Président d’Haïti pour une réduction de la quotité de l’indemnité, la République, n’ayant pas obtenu cette ré-

  1. Je tiens de la complaisance de M. F. Mirambeau, ci-devant négociant au Port-au-Prince, une note où sont portés le prix du café et du coton, en Haïti et en Europe, de 1825 a 1839, et le cours du change, dans la même période, entre la piastre (d’Espagne) et la gourde d’Haïti.