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dont moitié à peu près de chaque sexe ; et 114,000 esclaves, dans la proportion de 8 mâles pour 7 femelles.

» Il est aisé de voir par ces résultats, que la partie du Sud n’est ni aussi peuplée ni aussi bien établie que les deux autres, puisqu’avec près de moitié de plus de la surface de la partie du Nord, elle n’a que les deux tiers de sa population, et qu’avec seulement un septième de surface de moins que celle de la partie de l’Ouest, elle n’a que les deux tiers de sa population. L’opinion veut que son sol soit moins productif…

» Le fait vrai, c’est que la partie du Sud n’a jamais été aussi encouragée que celle du Nord et de l’Ouest, et le désavantage de sa situation géographique sous le vent de ces deux autres et les dangers que le voisinage de la Jamaïque fait courir à son commerce pendant la guerre, en sont les véritables causes…

» C’est en quelque sorte au commerce étranger qu’elle doit ses premiers succès, et sans ce commerce, contre lequel les négocians de France ont poussé des cris, les avantages qu’ils vont maintenant y recueillir n’existeraient pas…

» L’espèce d’abandon où a été laissée la partie du Sud, y a produit des effets qui sont encore sensibles. La culture y est moins perfectionnée qu’ailleurs, parce

    pour la première, et 35,400 pour la seconde. Celui-ci avouait 509,600 esclaves, et l’autre, seulement 452,000. Le fait est que le gouvernement colonial dissimulait toujours la population des affranchis et des esclaves, pour ne pas donner aux hommes éclairés parmi eux l’occasion de connaître leur vrai nombre. La société des Amis des noirs a prétendu, au contraire, que la classe des affranchis comptait de 40 à 45 mille âmes, et en cela elle a été d’accord avec les mulâtres instruits des faits et avec des blancs raisonnables qui ont écrit sur la matière, notamment le général Pamphile de Lacroix. M. Lepelletier de Saint-Rémy avoue également qu’on accusait un chiffre volontairement erroné, et il s’accorde avec celui fourni par Moreau de Saint-Méry.