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important dans plusieurs circonstances remarquables ; et ces circonstances elles-mêmes n’ont été que la conséquence de faits antérieurs. Pour en parler, je me voyais obligé de remonter à ces faits.

Cette nécessité a décidé mon entreprise.

Une autre réflexion m’y a déterminé. J’ai pensé alors que mon pays pourrait, peut-être, tirer quelque fruit de cet ouvrage, si j’examinais consciencieusement l’état antérieur de l’ancienne colonie de Saint-Domingue, la situation respective des diverses classes d’hommes qui en formaient la population, et les actes publics des autorités coloniales et de la métropole qui ont tant influé sur les événemens, et qui ont fait naître, pour ainsi dire, un nouveau pays au milieu de l’archipel des Antilles. En effet, comment comprendre le nouvel ordre de choses qui y a prévalu, si l’on ignore tous ces antécédens ? Comment Haïti elle-même parviendrait-elle à se dégager des entraves qui s’opposeraient au libre développement de sa civilisation, si elle fermait les yeux sur son passé ? Le passé est le régulateur du présent comme de l’avenir : il enseigne aux peuples des choses qu’il est de leur intérêt de connaître, d’autres qu’il faut éviter, afin de parvenir à fonder leur prospérité sur des bases solides et durables.

Je dois dire encore que, si je trouve une satisfaction personnelle à parler des actions de l’homme dont je vénère la mémoire, je n’en éprouve pas moins à rappeler celles de tant d’autres citoyens qui ont figuré avec éclat dans nos annales, et qui ont plus ou moins des droits à la reconnaissance de leurs concitoyens. Le plan que j’ai adopté pour cet ouvrage m’en procure l’occasion : je la saisis avec empressement.