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teur des faits monstrueux qui se passaient sous ses yeux, n’a pas eu la secrète intention de foudroyer le régime colonial, en écrivant les étranges propositions qu’on vient de lire, et qui ne seraient alors qu’une amère ironie.

Mais, non ; il suffit de lire avec attention les deux volumes d’Hilliard d’Auberteuil, pour rester convaincu que tout ce qu’il a dit n’était que le résultat de ses propres convictions, du système suivi dans les colonies, dont la pernicieuse influence pervertissait l’âme de qui conque y passait pour s’établir, pour courir après cette fortune, ces biens, objet de tous les désirs les plus effrénés.

Quoi qu’il en soit, nos lecteurs reconnaîtront facilement que, dans la crainte d’affaiblir les pensées orgueilleuses des colons, et pour mieux exposer le régime infernal à l’aide duquel ils tenaient sous le joug la race noire tout entière, nous avons dû citer tout au long les passages du livre publié par Hilliard d’Auberteuil. Une analyse, quelque étendue qu’elle pût être, n’aurait jamais remplacé convenablement le texte de cet auteur ; elle eût pu paraître exagérée, mensongère même. Partie intéressée dans les questions que nous nous proposons de traiter, nous avons dû présenter le régime colonial dans toute sa nudité, pour le faire apprécier. Et d’ailleurs, écrivant pour essayer d’éclairer notre pays sur ce passé si fertile en enseignemens précieux, et n’ignorant pas que les documens sont rares en Haïti, nous ne devons pas craindre d’être long dans l’exposé de ces antécédens de son histoire, parce que notre but est de faire ressortir aux yeux de nos concitoyens le mérite, la gloire qu’ont eus nos pères en brisant les liens qui les tenaient en-