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mulâtres), et garder, sous le commandement des prévôts généraux, les frontières qui nous séparent de la colonie espagnole…

»… D’ailleurs, et d’après ce que je propose, on pourra s’en fier sur la distinction des rangs et le degré de nuance, à l’orgueil qui ne perd jamais ses droits, et à l’exactitude des registres publics…

» L’affranchissement naturel des mulâtres serait un frein à l’avarice de quelques hommes (blancs) qui semblent tenir dans leurs maisons des fabriques de mulâtres, et qui, mettant à contribution ceux que la faiblesse en a rendus pères, font authentiquement le plus méprisable de tous les commerces que l’on puisse imaginer (ils vendent ordinairement 3000 livres un mulâtre à la mamelle). D’un autre côté, il arrêterait tous les abus qui résultent de ces avantages indirects, de ces fidéi-commis tacites faits en faveur des négresses et de leurs enfans bâtards, que dans l’état actuel on ne saurait empêcher, et qui enlèvent aux légitimes héritiers des biens considérables, pour les donner à ceux dont la condition est de travailler persévéramment. »


Vraiment, en voyant le soin qu’a pris Hilliard d’Auberteuil de constater le despotisme du gouvernement colonial à Saint-Domingue, de ne dissimuler en rien les mœurs vicieuses des blancs en général, leur avarice, leur cupidité, leur orgueil, leur tyrannie, leur cruauté envers la race noire ; et, d’un autre côté, la peine qu’il s’est donnée pour faire ressortir la bonté native des nègres et des mulâtres, leurs qualités sociales, leur attachement pour leurs oppresseurs, on serait tenté de se demander si cet Européen instruit, éclairé, observa-