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ce que craignaient Hilliard d’Auberteuil et ses pareils, — la conspiration de deux ou trois nègres a détruit toutes les grandes habitations, en y portant l’incendie et la révolte.


VI.


Prêtons une égale attention aux étranges propositions de cet auteur, concernant les affranchis.

« La classe intermédiaire de la colonie, dit-il, celle des esclaves qui ont obtenu ou acheté leur affranchissement, est trop considérable ; et le ministère a eu plusieurs fois l’attention de la diminuer. Il a autorisé en différentes circonstances les administrateurs de la colonie à vendre les libertés à prix d’argent, mais cette méthode était mauvaise, elle a été proscrite.

» Le conseil supérieur du Cap, par un arrêt de règlement rendu en 1767, a déclaré nuls tous les affranchissemens qui seraient à l’avenir donnés par testament, et l’année suivante une ordonnance (royale) confirmant ce règlement, a voulu qu’on ne pût, non seulement donner à l’avenir de liberté par testament, mais même affranchir aucun esclave, sans en avoir obtenu la permission préalable du général et de l’intendant[1]. Il en est résulté que beaucoup de semblables permissions ont été vendues ou données à la faveur, et que les affranchissemens ne sont pas devenus plus rares.

» On a renouvelé le système de vendre à prix d’argent les permissions d’affranchir toutes sortes d’esclaves ; ce système est maintenant plus accrédité que jamais ; les

  1. Ce conseil, composé de colons, annula donc l’art. 55 du code noir, avant que l’autorité royale se prononçât à ce sujet !