chaque jour de quelques dispositions nouvelles, et qui seule s’est perpétuée jusqu’à nous. Pour ceux qui n’étudient qu’en courant et dans les livres tout faits, ce sont les colons, ce sont les autorités coloniales, qui ont tout accompli en ce sens. Erreur grossière ! L’entraînement du climat, la continuité des rapports, la facilité malheureusement trop grande des mœurs, tout tendait à affaiblir cette démarcation que la nature semblait avoir voulu écrire sur les fronts. Ce fut la métropole, ce fut la France qui, l’érigeant en système politique, se prit à la creuser, à l’élargir avec l’inflexible persistance de la monomanie…
» Veut-on maintenant, poursuit-il, avoir la pensée complète de ce système ? Nous allons la faire connaître. Et comme nous ne procédons jamais que document en main, ainsi que le lecteur a pu le remarquer, nous terminerons cet examen en laissant se dérouler dans toute sa franchise, nous dirions presque dans toute sa naïveté, la politique du gouvernement métropolitain à l’endroit des classifications sociales aux colonies. Le 27 mai 1771, le ministre du roi écrivait aux administrateurs de Saint-Domingue :
« J’ai rendu compte au roi de la lettre de MM. de Nolivos et de Bongars, du 10 avril 1770, contenant leurs réflexions sur la demande qu’ont faite les sieurs… de lettres patentes qui les déclarent issus de race indienne. S. M. n’a pas jugé à propos de la leur accorder ; elle a jugé qu’une pareille grâce tendrait à détruire la différence que la nature a mise entre les blancs et les noirs, et que le préjugé politique a eu soin d’entretenir comme une distance à laquelle les gens de couleur et leurs descendans ne devaient jamais atteindre ; enfin, qu’il