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de nos lettres de naturalité pour jouir des avantages de nos sujets naturels dans notre royaume, terres et pays de notre obéissance, encore qu’ils soient nés dans les pays étrangers (en Afrique, par exemple).

58. Commandons aux affranchis de porter un respect singulier à leurs anciens maîtres, à leurs veuves, et à leurs enfans, en sorte que l’injure qu’ils auront faite suit punie plus grièvement que si elle était faite à une autre personne ; les déclarons toutefois francs et quittes envers eux de toutes autres charges, services et droits utiles que leurs anciens maîtres voudraient prétendre, tant sur leur personne que sur leurs biens et successions, en qualité de patrons.

58. Octroyons aux affranchis les mêmes droits, privilèges et immunités dont jouissent les personnes nées libres : voulons qu’ils méritent une liberté acquise, et qu’elle produise en eux, tant pour leurs personne pour leurs biens, les mêmes effets que le bonheur de la liberté naturelle cause à nos autres sujets.

Tel fut le code noir.

« Il ne faut pas s’étonner, dit Hilliard d’Auberteuil, que les nègres, en devenant nos esclaves, contractent une infinité de vices qu’ils n’avaient pas dans l’état naturel ; ils perdent envers nous le sentiment de la pitié, il est également certain que nous n’avons point ce sentiment pour eux, parce que nous sommes éloignés de la nature, et que nous ne sommes pas libres ; nous sommes réduits à soutenir une politique inhumaine, par une suite d’actions cruelles ; nous sommes attachés à une société dont les charges sont immenses, appelés à des emplois dans lesquels notre ambition nous porte à nous élever de plus en plus, et entraînés par une foule de passions que nous voulons assouvir ; ne pouvant briser tant de chaînes, nous voulons les polir et les rendre brillantes, et nous employons à cet ouvrage des milliers de bras, que la nature avait faits pour la liberté. Les philosophes en murmurent, et cepen-