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» Des économes, des courtiers et des facteurs forment le plus grand nombre des officiers de milices.

» Chacun de ces officiers peut déplacer un habitant et l’envoyer à quinze ou vingt lieues de sa résidence, porter un ordre ou une lettre à un autre officier ; et s’il désobéit, en prison : il serait difficile de tracer ici les bornes de cet esclavage ; elles sont incertaines et s’étendent chaque jour.

» Soumis comme soldats, aux volontés arbitraires d’une infinité de commandans militaires, qui peuvent les emprisonner, ou les mettre aux arrêts pendant un temps illimité, les colons sont, d’un autre côté, revendiqués par les magistrats et les lois ; mais comme on n’a pas absolument fixé le terme où doit cesser le devoir du soldat, et qu’il n’y a pas de juge entre le magistrat et l’officier, ce dernier qui est revêtu de la force, en use et se fait obéir…

» Les colons attendent qu’on veuille les délivrer de tous ces objets d’épouvante et de consternation ; et lorsqu’ils seront rassurés, ils s’empresseront à donner à la métropole de nouvelles preuves de zèle et de fidélité. »

Quoi qu’en dise M. de Saint-Méry, il est impossible d’admettre que ces plaintes n’étaient pas fondées ; car on sait tout ce que peut le pouvoir militaire. Ces assertions, d’ailleurs, ont été répétées dans une foule d’écrits publiés par des colons, dans les premiers jours de la révolution ; et dans son rapport sur les troubles de Saint-Domingue, Garran de Coulon constate ce despotisme dont les colons profitaient eux-mêmes, puisqu’il était en quelque sorte nécessité par le régime de l’esclavage.

À notre tour, nous constatons l’existence du despotisme