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gers que la diversité de leurs opinions et de leurs principes rendraient toujours difficiles à gouverner.

» À présent que les nationaux sont dans la colonie, en nombre suffisant pour entreprendre la culture de toutes les terres, que la population s’accroît journellement, et peut s’accroître davantage par les influences fortunées d’un gouvernement modéré, il paraît nécessaire d’abroger cette loi, et de ne plus permettre que des étrangers deviennent propriétaires des terres, à moins qu’ils ne deviennent hommes nationaux, en prenant des lettres de naturalité ; auquel cas, il leur sera permis d’acheter des terres au nom de leurs enfans nés dans la colonie.

» Les lettres patentes de 1727 offraient le contraste le plus singulier ; car en même temps qu’elles permettaient à des étrangers d’envahir la propriété de tous les terrains de la colonie, elles défendaient (art. 1, 2, 3 et 4) aux étrangers même naturalisés, d’y faire le commerce, et aux négocians de les employer pour facteurs ou commis. Les marchands ou négocians, les facteurs et commis, ne sont que passagèrement dans la colonie ; ils ne sont point, comme les propriétaires des habitations, les seigneur du pays ; il n’y a donc point d’inconvéniens à permettre à tous les étrangers naturalisés, d’y établir des maisons de commerce. »


Hilliard d’Auberteuil avait composé son ouvrage en deux volumes, pendant sa résidence au Cap. Suivant Moreau de Saint-Méry, il y avait la réputation de critique, et s’est quelquefois laissé emporter au désir de censurer, et ses détails ne sont pas toujours d’une exactitude rigoureuse. Toutefois, dans cet ouvrage, dont la distribution fut défendue à Saint-Domingue à cause de sa hardiesse à