vaient des agens contre-révolutionnaires : tout présageait le triomphe de leur cause sainte dans un avenir peu éloigné. Celle des mulâtres et nègres libres sortant également victorieuse des obstacles que les colons lui avaient opposés, les noirs n’avaient pas besoin de l’émission d’une loi, pour savoir qu’ils avaient autant de droits que leurs frères et leurs enfans. La révolution prévue par l’abbé Maury était faite. Les colons seuls pouvaient encore s’aveugler sur ce point.
Si l’assemblée coloniale se vit contrainte d’enregistrer la loi du 4 avril, elle ne calcula pas moins que l’arrivée des nouveaux commissaires civils, avec les forces qui devaient les accompagner, subirait encore un retard qu’elle pourrait mettre à profit pour continuer ses persécutions contre les hommes de couleur. En conséquence, elle écrivit à tous les corps populaires de la colonie de redoubler leurs rigueurs contre cette classe.
Au Port-de-Paix, à Jérémie, au Port-au-Prince, partout enfin, les colons se prêtèrent à ses vues, à ses affreux désirs, tout en publiant comme elle, la loi du 4 avril. Des violences que la rage animait eurent lieu contre leurs victimes. Il est inutile d’entrer dans les détails de ces actes de barbarie coloniale ; ce que nous avons fait connaître déjà de la part des despotes de Saint-Domingue suffit, peut-être, pour faire comprendre aux lecteurs tout ce que la haine et la perversité la plus raffinée suggérèrent à ces hommes. S’il était nécessaire encore d’ajouter aux précédens récits, nous dirions qu’au Port-de-Paix, un colon, du nom de François Lavaux, offrit trente mille francs à la munici-