On sent tout ce qu’il y avait de contraint dans cette impudente déclaration. La morgue coloniale rongeait le frein qui lui était imposé. Il lui fallait céder à l’empire des circonstances : elle le fît de mauvaise grâce, elle le fît avec insolence.
Le 28 mai, un aviso arriva au Cap, porteur de la loi du 4 avril, avec des lettres du ministre de la marine qui enjoignaient à Blanchelande et aux commissaires civils, de procéder de suite à l’exécution de cette loi, en tout ce qui n’était pas expressément réservé à l’action des nouveaux commissaires civils. L’empressement mis à faire ordonner cette exécution provisoire indique la présence dans le gouvernement de quelques Amis des noirs.
Le 29, Roume se rendit dans le sein de l’assemblée coloniale, de l’assemblée provinciale du Nord et de la municipalité du Cap, et requit l’enregistrement de la loi. Mais, fidèle à l’esprit de conciliation qu’il montra constamment dans le cours de cette mission, il eut la condescendance de supprimer, dans l’acte de publication et sur les instances de l’assemblée coloniale, la date de l’an IVe de la liberté que portait la loi, afin de ne pas augmenter les prétentions des esclaves insurgés.