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à envoyer en France six commissaires « dont la mission était, suivant Roume, de peindre les hommes de couleur et nègres libres sous des traits si odieux, qu’elle se flattait d’en provoquer la destruction totale. »

Roume et Mirbeck, d’un côté, Blanchelande, de l’autre, avaient vainement sollicité cette assemblée obstinée, de statuer sur le sort de cette classe, en vertu du droit que lui conférait le décret du 24 septembre. Mais, après le départ de Mirbeck et de Saint-Léger, l’espèce de transaction survenue entre les deux partis qui siégeaient dans l’assemblée, fut cause qu’elle s’occupa alors, dans le courant du mois d’avril, de la constitution qu’elle voulait donner à Saint-Domingue. Dumas, dont les confidences à Roume avaient déterminé celui-ci à rester au Cap, fut principalement chargé de la rédaction du projet.

Le 12 mai, il le présenta : « ce projet consistait à établir à Saint-Domingue une espèce de monarchie subalterne, dans laquelle un gouverneur mannequin approuverait ou refuserait les arrêtés de l’assemblée coloniale, et signerait les dépêches de trois espèces de secrétaires d’État, pour le militaire, la finance et la justice ; ce dernier département était le but vers lequel Dumas (homme de loi) dirigeait toutes ses actions[1]. »

Gault, autre membre de l’assemblée coloniale, proposa un autre projet, au nom du comité de constitution, sur l’état particulier des hommes de couleur : il émanait du côté Est de l’assemblée, composé des colons

  1. Rapport de Roume, page 13.