voulons-nous dire, envers leurs parens, que les Européens eux-mêmes. Quelle est la cause originelle de l’esclavage, si ce n’est l’intérêt ? Quelle est la cause du désir qu’éprouvaient les colons de perpétuer cet état de choses, si ce n’est l’égoïsme né de l’intérêt ? Et les mulâtres et les nègres libres auraient été plus intéressés, plus égoïstes que les blancs ! Lorsque des hommes justes et généreux parmi ces derniers, leur traçaient un si noble exemple de la sympathie qu’on doit à ses semblables, ils n’auraient voulu imiter que les colons !
Toutefois, remarquons ici que malgré cette sympathie éclairée des Girondins, la cause des mulâtres et des nègres libres n’eût pas triomphé au tribunal politique de la nation française, par la seule puissance de la raison et des principes, si les hommes de couleur n’avaient pas pris les armes, s’ils n’avaient pas combattu avantageusement les blancs dans la colonie pour assurer leurs droits, si la révolte des noirs, par ses désastres, n’était venue en aide à leurs succès. La force, ainsi que l’a dit Garran, la puissance des armes est donc toujours un auxiliaire utile, nécessaire, indispensable du droit.
Ainsi nous verrons le triomphe de la cause des noirs résulter, à son tour, de leur force, de leur nombre, de la puissance de leurs armes, et du concours que leur auront prêté les hommes de la classe intermédiaire, soit qu’ils se mêlent avec eux, comme dans le Nord, soit qu’ils les dirigent, comme dans l’Ouest et dans le Sud.
Ces deux causes étaient donc essentiellement liées ensemble ; et cette vérité irréfutable ressortira bien mieux encore, le jour où il faudra que tous les hommes de la race noire luttent ensemble contre les troupes