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résidans en France prêtèrent à ces défenseurs de leurs droits tout l’appui qui résultait des renseignemens et des informations qu’ils recevaient de Saint-Domingue.

D’un autre côté, les membres du club Massiac, les anciens et les nouveaux commissaires des assemblées coloniales auprès de l’assemblée nationale, et tous les autres colons résidans en France, veillèrent plus que jamais au maintien du préjugé de la couleur et de l’esclavage. Ne se dissimulant pas que le progrès des idées révolutionnaires amènerait un changement dans la législation sur les colonies, ils disposèrent toutes leurs intrigues accoutumées pour capter les membres de la nouvelle assemblée, et les faire tomber dans les mêmes pièges qu’ils avaient tendus à ceux de la constituante. Ils redoublèrent d’activité pour publier des journaux et des pamphlets qui pussent égarer l’opinion publique et particulièrement celle des villes de commerce, afin de réagir sur celle de la législative. Mais Barnave, leur insidieux coryphée, n’en était pas membre. La première assemblée avait décidé qu’aucun de ses membres ne pourrait faire partie de la législative, et ce fut heureux pour les hommes de la race noire. Brissot, enfin, ce généreux défenseur de leur cause, introduisit par lui seul un nouvel esprit et des idées plus libérales dans la nouvelle assemblée, que celles qui avaient prévalu jusqu’alors.

Dans cet état de choses, dès le mois d’octobre où commencèrent les travaux de l’assemblée législative, la nouvelle de l’insurrection des esclaves dans le Nord, et bientôt après celle de l’insurrection des hommes de couleur dans l’Ouest parvinrent en France. Le premier sentiment qu’éprouva cette assemblée fut de décréter immédiatement, dans le mois de novembre, des secours