rôle passif et impuissant qu’elle remplissait à Saint-Domingue, et reconnaissant la perversité croissante des colons et leur désir de se rendre indépendans de la France, prit la résolution d’y retourner afin d’éclairer la métropole sur la situation de la colonie. Cette résolution fut arrêtée, le 27 mars, entre Roume et Mirbeck qui étaient restés au Cap. De son côté, Saint-Léger, venu à Saint-Marc, prenait la même résolution. Mirbeck quitta le Cap le 1er avril, Saint-Léger partit de Saint-Marc le 8 du même mois.
Roume devait s’embarquer le 4 ; mais à ce moment, il reçut de l’un des membres de l’assemblée coloniale un aveu qui le porta à différer son départ, pour déjouer le projet formé d’une contre-révolution à Saint-Domingue, semblable à celle qui venait de s’opérer à la Martinique. Ce projet, selon lui, devait amener une effroyable catastrophe ; il resta pour la conjurer.
Il en reçut l’aveu de Dumas, membre du côté Est de l’assemblée coloniale, qui se rapprochait, par ses opinions, des agens du gouvernement, tous partisans de l’ancien régime, et conséquemment contre-révolutionnaires. Le côté Ouest était formé des anciens membres de l’assemblée générale de Saint-Marc qui avaient été réélus à la nouvelle assemblée coloniale, et d’autres membres qui avaient adhéré à leurs principes, lesquels étaient en faveur de l’indépendance de la colonie ou de sa soumission à la Grande-Bretagne.
Jusqu’à cette époque du 1er avril 1792, le côté Ouest avait dominé dans l’assemblée ; mais cette assemblée, voyant partir les commissaires civils pour la France, fut effrayée des conséquences des rapports qu’ils ne manqueraient pas de faire contre elle et contre tous les colons