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tent qu’ils se livrèrent à des cruautés et des perfidies qui font frémir…[1] »


D’après ces passages de Garran, il est démontré qu’il n’y avait pas bonne foi de la part des blancs du Sud, des Cayes particulièrement, quand ils souscrivent aux concordats avec les hommes de couleur. Comme ceux du Port-au-Prince, ils les signèrent dans la pensée perfide d’inspirer de la confiance à leurs adversaires, afin de pouvoir mieux les accabler. Ils violèrent ces conventions ; ils furent les premiers à les rompre. L’intérêt politique des hommes de couleur n’était-il pas de maintenir ces actes qu’ils avaient signés, dans le Sud comme dans l’Ouest ? Ils ne pouvaient donc pas violer, les premiers, ces concordats.

Que les hommes de couleur du Sud se soient livrés à des actes cruels, atroces, après la rupture de la paix par les blancs, c’est un fait acquis à l’histoire. Mais la faute, le tort en sont imputables à ces derniers, de même que nous avons fait remarquer que, dans le Nord, les crimes commis par les noirs insurgés ne sont imputables qu’à la haine de l’assemblée coloniale, aux crimes commis par les blancs qui ne voulurent point sanctionner les propositions de paix que firent les insurgés. Il reste donc démontré que les cruautés commises dans le Sud par des hommes de couleur contre les femmes et les enfans blancs, ne furent que les représailles de celles commises là même et au Port-au-Prince par des blancs, sur les femmes et les

  1. Rapport, tome 2, pages 531 et 532. Voyez aussi le 3e volume des Débats, pages 92 et 93, où Sonthonax soutient que les hommes de couleur, loin d’être les agresseurs, ont été constamment attaqués ; bien loin d’avoir été perfides, traîtres, ont constamment été trahis par les blancs.