partisans de la confédération de la Croix-des-Bouquets, ils en tuèrent plusieurs et forcèrent d’autres à fuir, soit dans cette paroisse, soit à l’étranger. Les meneurs qui les poussaient aux fureurs contre les hommes de couleur, ne pouvaient plus les contenir ; de même qu’au Cap, l’assemblée coloniale ne pouvait souvent maîtriser tous les mauvais sujets que renfermait cette ville et qui lui avaient servi d’instrumens contre les mulâtres et les nègres. Là, comme au Port-au-Prince, les petits blancs, classe ignorante et dépravée par la haine et la jalousie, s’étaient accrus d’une foule de bandits arrivés dans la colonie et venant de plusieurs pays étrangers. La ville des Cayes renfermait aussi de ces misérables.
Dans le Sud, les hommes de couleur, suivant les inspirations des deux Rigaud, résistaient avec quelque avantage aux blancs acharnés contre eux. Après avoir été battus au camp Mercy où périt Narcisse Rollin, l’un des chefs du camp Prou, ils s’emparèrent de la ville de Saint-Louis et devinrent puissans dans les paroisses circonvoisines. On les accusa de vouloir le rétablissement de l’ancien régime, parce qu’ils abolirent les municipalités pour leur substituer des bureaux de police. Mais cette mesure devenait une nécessité impérieuse, puisque dans toute la colonie, les corps populaires, composés de colons, excitaient contre eux tous les malfaiteurs.
La preuve que ces corps populaires, dans le Sud comme dans l’Ouest, n’acquiesçaient qu’à regret, que par la force des circonstances, aux concordats signés entre eux et les hommes de couleur, se trouve dans Garran :
« Ces traités, dit-il, avaient été arrachés par la force,