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du Port-au-Prince ; la restitution de leurs armes et munitions à l’arsenal, et la remise de Praloto et de Binse, son lieutenant, aux mains de la justice ; 2o  la remise du fort Saint-Joseph et de celui de Belair aux hommes de couleur ; 3o  la formation d’une nouvelle garde nationale et d’une municipalité provisoire ; 4o  l’annulation des actes de l’ancienne municipalité et de l’assemblée de l’Ouest, comme portant atteinte aux droits des citoyens de couleur, etc.

Les blancs ne souscrivirent point à ces conditions ; et après de vaines tentatives de la part de M. de Grimouard pour concilier les prétentions respectives, les négociations cessèrent. Elles furent entièrement rompues par la notification que firent les blancs du Port-au-Prince aux hommes de couleur, de l’arrivée des commissaires civils au Cap et de la publication du décret du 24 septembre, d’après lequel les concordats étaient virtuellement annulés, et le sort des hommes de couleur et des esclaves remisa la décision de l’assemblée coloniale.


Pendant ces infructueuses négociations, les chefs des hommes de couleur n’étaient pas restés inactifs. Ils avaient écrit à leurs frères de toutes les paroisses de l’Ouest, de venir à leur secours pour contraindre, par la force des armes, les blancs du Port-au-Prince à reconnaître leurs droits déjà sanctionnés par les concordats. Ceux du quartier populeux du Mirebalais, de l’Artibonite et de Saint-Marc, de l’Arcahaie et de Jacmel, accoururent à leur appel. André Rigaud, qui était parti pour se rendre aux Cayes, le jour précédant l’affaire du 21 novembre, apprit, avant d’y arriver, la violation du traité de Damiens : « Je fus instruit dans ma route,