hommes dans les camps des insurgés, et exposait toutes les considérations morales et politiques qui pouvaient influer sur sa détermination à accepter, non-seulement les propositions faites par les chefs noirs, mais à sanctionner les concordats de l’Ouest et du Sud, afin d’obtenir d’un seul coup le rétablissement de la tranquillité dans toute la colonie. Ce document retrace les crimes commis par Jeannot, contre les blancs, les mulâtres et même les nègres : il attribue la puissance désastreuse de ce scélérat à la faute que commirent Jean François et Biassou, en le nommant juge de l’armée, ce qui lui donnait double droit de prononcer sur la vie ou la mort des prisonniers[1]. L’adresse termine enfin par faire savoir à l’assemblée coloniale les propositions des chefs des insurgés.
Voici, disent les hommes de couleur, les chefs de demande que nous sommes chargés de vous proposer, au nom des généraux. Veuillez les peser dans votre sagesse ; c’est le résultat combiné des gens de couleur, c’est tout ce qu’ils ont pu obtenir : daignez considérer que leur admission sera l’époque fixe du retour de l’ordre dans la colonie :
1o La grâce pleine et entière de tous les états-majors, leurs libertés bien et dûment enregistrées.
- ↑ Garran se trompe en disant que Jean François livra bataille à Jeannot aux environs de Vallière, et que l’ayant fait prisonnier, il le fit mourir. Gros dit que Jean François le fit arrêter le 1er novembre, et le fit fusilier le même jour au Dondon, où on le conduisit. Le document que nous citons ici, de l’abbé de La Haye, confirme ce fait en ces termes : « Jeannot commandait, sous les généraux Jean François et Biassou, tous les camps de la Grande-Rivière, Dondon et Quartier-Morin… Sa dernière expédition fut celle de Vallière, où quatorze blancs furent faits prisonniers ; une plus grande quantité perdirent la vie dans cette journée ; les prisonniers furent conduits dans le camp, huit furent suppliciés, les six autres attendaient à chaque instant le même sort : le ciel en avait autrement ordonné. Le dimanche 1er novembre, jour destiné pour le dernier sacrifice, arrivèrent les généraux Jean François et Biassou ; ils avaient été instruits des cruautés exercées, et leur premier soin fut de dérober à la mort les infortunés qui existaient encore, ensuite de sacrifier le monstre qui se faisait un jeu de la vie des hommes : il fut par leur ordre fusillé. »