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paroles de Sonthonax. On lit à la page 514 du premier volume des Débats :

« J’observe encore, sur ce qui dit Thomas Millet, que les nègres suisses étaient trois cents, lorsqu’ils ont été envoyés à la baie des Mosquitos, et que dans la rade du Môle, il y en a eu soixante de décollés ; que, dans la rade du Cap, il s’est mis parmi eux une maladie qu’on accuse des gens mal intentionnés de leur avoir communiquée ; que ces malheureux, de trois cents qu’ils étaient[1], en moins d’un an, ont été réduits à dix-huit, qui sont ceux qui ont été mis à bord du Jupiter : ils eussent péri jusqu’au dernier, ils auraient expié, par la mort du dernier d’entre eux, le tort d’avoir soutenu la réclamation des droits des hommes de couleur, si notre humanité ne les avait pas envoyés à bord du vaisseau le Jupiter, en leur donnant l’affranchissement, et en leur ordonnant en même temps et au contre-amiral Cambis, de leur faire faire le service en qualité de matelots. Nous ne voulûmes point les incorporer dans les compagnies franches, nous ne voulûmes point alors les incorporer dans les troupes de Saint-Domingue, parce qu’on aurait dit que nous voulions souffler la révolte ou encourager la révolte des esclaves. C’est pour cela que nous les mîmes à bord du vaisseau de l’amiral Cambis : sa proclamation en fait foi. Peut-être sont-ils morts depuis ; je ne sais ce qu’ils sont devenus : ils ont peut-être été massacrés par les matelots, peut-être par les ordres de ceux qui étaient à bord[2]. »

  1. Clausson, un des colons accusateurs, habitant du Port-au-Prince, affirma que les suisses déportés n’étaient qu’au nombre de deux cent trente. Voyez les Débats, tome 1er, page 314.
  2. Il restait effectivement vingt-neuf suisses dans la rade du Cap. Voici une