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la commission intermédiaire, non-seulement procureur général au conseil supérieur du Port-au-Prince, mais encore son délégué, son représentant. S’il ne l’était pas, Sonthonax est un grand scélérat d’accuser aujourd’hui Pinchinat d’un crime dont il n’est pas coupable : donc Sonthonax est un grand scélérat. »


Selon nous, ce sont là de mauvaises raisons ; c’est de la déclamation et rien de plus. Sonthonax et ses collègues, envoyés en 1792 pour faire exécuter le décret du 4 avril de cette année, qui admettait enfin tous les hommes de couleur libres aux mêmes droits politiques que les blancs, et trouvant ceux de l’Ouest et du Sud en armes, en possession d’une puissance réelle et de la confiance des précédens commissaires civils, alors que les colons voulaient livrer Saint-Domingue à la Grande-Bretagne et que les contre-révolutionnaires entravaient la marche de la révolution française, Sonthonax et ses collègues ne pouvaient se dispenser de s’appuyer sur les hommes de couleur pour maintenir la colonie dans la fidélité à la France, et d’employer les principaux d’entre eux, les plus influens, dans les positions supérieures de l’administration civile et de la guerre : de là la nomination de Pinchinat à la commission intermédiaire et aux autres emplois, de Bauvais comme général déjà reconnu de l’armée. La déplorable affaire des suisses ne pouvait être un empêchement.

Mais Rigaud pouvait dire autre chose : il devait seulement avouer le tort, la faute politique commise alors par ceux des hommes de couleur qui consentirent à la déportation de ces infortunés, en vue seule de la paix conclue de bonne foi à Damiens. Les blancs ayant été