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parut pas ; le capitaine Bélanger se dirigea sur divers points des côtes du voisinage jusqu’à l’entrée de la baie de Carthagène. Plus de quinze jours s’étant écoulés ainsi, il se rendit à Port-Royal de la Jamaïque : là il apprit aux commissaires de couleur (qui n’eurent pas la faculté de descendre à terre ni de communiquer avec qui que ce soit), que le capitaine Colmin, après avoir tenté de vendre les suisses dans une île anglaise (la Jamaïque), ces infortunés s’étant récriés contre cette atrocité, il les débarqua sur une presqu’île inhabitée[1], avec peu de provisions ; qu’heureusement pour ces malheureux, ainsi abandonnés, une goélette anglaise qui vint dans ces parages, ayant aperçu les signaux qu’ils faisaient et les ayant reconnus de près, en fit son rapport à Port-Royal d’où l’amiral de la station de la Jamaïque envoya une frégate qui les recueillit et les amena dans ce port, où ils furent gardés quelque temps ; car la Philippine y passa six semaines et de là se rendit au Cap, peu de jours après qu’une frégate anglaise s’y fut rendue pour remettre les suisses à l’assemblée coloniale. Débarqués eux-mêmes au Cap, les quatre commissaires furent mis en prison où ils restèrent jusqu’à l’arrivée du décret du 4 avril 1792 : Blanchelande et Roume les firent mettre en liberté. »

Garran ajoute que « les suisses furent amenés au Cap, en février 1792, et l’assemblée coloniale les envoya dans la rade du Môle, sur un navire où ils étaient tous enchaînés. La haine des autorités constituées du Port-au-Prince les y poursuivit : la muni-

  1. Cet îlot n’a pas été désigné, du moins dans les documens que nous avons sous les yeux. Il est probable que c’est sur l’un de ceux qu’on trouve entre la Jamaïque et la côte des Mosquitos et de Honduras.