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opposés à leur entrée, si on ne nous avait flattés de l’arrestation prochaine de ces esclaves armés. »

Garran qui cite dans son rapport (tome 3, page 65 et suivantes), ces divers écrits et d’autres que nous ne possédons pas, Garran constate qu’un grand nombre des hommes de couleur pensaient que les suisses étaient couverts par le traité de Damiens, mais que « les chefs des blancs, redoutant les suites d’un exemple si dangereux, résolurent de se défaire des nouveaux libres, et que les chefs des hommes de couleur eurent la lâcheté d’y consentir. » Il ajoute que « plusieurs d’entre eux néanmoins, » et Boisrond le jeune en particulier, condamnèrent cette perfidie. » Il rend compte de toute la perversité qui guida les meneurs blancs dans cette infâme affaire.

Nous ajoutons ici quelques particularités que nous tenons, écrites de la main de Barthélemy Richiez, le dernier survivant des quatre commissaires envoyés avec les suisses. Cette note fut écrite le 16 décembre 1828, de Seybo, où habitait ce citoyen depuis la guerre civile du Sud. Voici ce qu’il dit :

« Tandis que les suisses (au nombre de deux cent vingt, dont cent quatre-vingt-dix-sept noirs et vingt-trois mulâtres) étaient sur l’Emmanuel, les quatre commissaires étaient sur le brick de guerre la Philippine, capitaine Bélanger, envoyé par M. de Grimouard, commandant du vaisseau le Borée et chef de la station navale au Port-au-Prince, pour accompagner le navire marchand. Arrivés devant le port de Jérémie, les deux capitaines eurent entre eux une conférence, à laquelle les commissaires restèrent étrangers : dans la nuit suivante, chacun des navires prit une route différente. La Philippine se rendit à la baie des Mosquitos où l’Emmanuel ne