graduelle. Les suisses n’étaient ni remis en esclavage, à la discrétion de leurs maîtres, ni livrés aux tribunaux, pour s’être révoltés : leur affranchissement devenait le prix d’un service public rendu à la colonie, dans le corps de la maréchaussée.
Lors du traité de Damiens, il n’en fut pas question, puisque, suivant Hanus de Jumécourt, la chose était déjà réglée. Mais se voyant dicter la loi par les hommes de couleur, les blancs pensaient non sans raison, que leurs adversaires sentaient leur force de l’adjonction de ces auxiliaires, de leur présence à leurs camps, et de la facilité pour eux de les employer à soulever tous les ateliers : les blancs résolurent alors de mettre tout en usage pour porter l’armée de couleur à sacrifier ces vaillans nègres à la tranquillité, ou plutôt à la peur qu’ils éprouvaient, à cause de l’insurrection du Nord. Caradeux et Leremboure revinrent auprès de Bauvais, de Lambert, de Pinchinat, sur les considérations déjà exposées à la Croix-des-Bouquets ; mais ces chefs de l’armée résistèrent : il en fut de même de Daguin, de Rigaud, de Pétion, et pour mieux dire de toute l’armée. Alors survint une grande agitation au Port-au-Prince, parmi les filibustiers de Praloto, qui, déjà, commettaient des actes désordonnés : agitation soufflée par Caradeux et Leremboure, et à laquelle prirent part presque tous les blancs de la ville. Dans ce moment, Leremboure fit proposer à Bauvais d’examiner cette affaire, en comité secret entre les chefs, afin d’éviter le tumulte populaire. Cette proposition acceptée, l’agitation se calma.
Voyons ce que dit l’auteur d’une lettre écrite du Port-au-Prince, le 27 octobre, à des négocians de Nantes, et insérée parmi les pièces citées à la suite du rapport de